LYON-SAINTELYON 156KM

LYON-SAINTELYON / 156 kms - 4600 m D+ / Samedi 3 et dimanche 4 décembre 2022

Lorsque Dédé VILLAUMIE m'a sollicité pour participer à cette épreuve non programmée, il m'a fallu peu de temps de réflexion pour décider de " rebasculer du côté obscur de la force " .

2 mois après l'arrivée de l'Echappée Belle, ou je m'étais juré qu'on ne m'y reprendrait plus pour un ultra d'une telle distance, période constituée d'un mois de coupure et d'une reprise tranquille, me voilà reboosté cette fin d'année 2022.

Plusieurs motivations : Reconstituer le groupe des baroudeurs avec Fabrice et Dédé, faire plaisir à Dédé en quête d'un dernier exploit cette année, mais aussi sortir de cette monotonie automnale, le manque de challenges immédiats me faisant déjà tourner en rond.

Me voilà donc embarqué dans la préparation d'un nouvel ultra trail en 7 semaines, une nouvelle approche pour moi, pourquoi pas.

Outre le "retour" qu'est la véritable course chronométrée la SAINTELYON 78 Kms et 2200 m D+ entre SAINT ETIENNE et LYON, et son départ à minuit le samedi soir, l' "allée" est en plus au programme 78 kms 2400 m D+ non chronométrées au départ de LYON le samedi matin, il faut avoir rejoint ST ETIENNE avant 22h30.

Certains plaisantins diront que c'est pour ne pas payer la navette. Mouais !

Même si à première vue cette course parait jouable, environ 26 heures, 1 seule nuit dehors, je ne fais pas d'excès de confiance. Et puis cela dépendra surtout des conditions climatiques, on verra bien ...

5 semaines à bloc, voilà mon programme d'entrainement, le cerveau sur OFF / ON, j'espère que çà suffira.

Le jour J arrive. Cette manifestation est une énorme organisation. Même si je ne suis trop fan de ces grands rassemblements, c'est très réussit.

Un peu plus de 300 coureurs ( les chasubles jaunes ), ont choisi de tenter cet ultra allée/retour, parmi les 17.000 présents sur toutes les courses du weekend.

A remarquer, nouvelle dans le groupe trail, Barbara MULLER est présente sur le relais x 4 de la SAINTELYON, un 1° relais de 17 Kms entre ST ETIENNE et ST CHRISTOPHE en JAREST.

Barbara m'a doublé durant cette portion de course, mais nous ne nous sommes pas vus, noyés dans la masse des coureurs, la nuit, la pluie et le brouillard.

Elle fera remarquer avoir beaucoup apprécié l'ambiance. Nul doute qu'on la reverra à LYON dans les années qui viennent, et peut être sur une autre distance !!??

Dédé et moi prenons donc le départ à 9h00 le samedi sous l'arche du hall Tony GARNIER à LYON. Pas de grandes discutions, notre quête : repasser sous cette même arche le lendemain dimanche avant 16h30. Les prévisions météos ne s'annoncent pas bonnes, certainement des chutes de pluie (ou de neige) à la mi-journée, mais surtout dès le soir et durant toute la prochaine nuit.

Ben voilà, une vraie SAINTELYON. On va patauger et se les cailler !!!

Nous projetons de mettre 12 heures pour rejoindre ST ETIENNE. L'idéal serait de ne pas trop s'entamer en prévision du retour. Cela nous laisserait 2 heures 30 pour nous changer, prendre un repas chaud, nous préparer et nous remobiliser.

La première difficulté est d'abord de jauger la bonne cadence, du fait qu'on est en autonomie, sans balisage et chronométrage, en petit nombre, sur des portions alternant routes bitumées (environ 35 %) et chemins + sentiers de plus en plus détrempés au fil des kms. Ça serait vraiment couillon d'arrivée hors délais à ST ETIENNE !

La journée est plutôt agréable et se passe sans erreurs de parcours, ce qui c'est malheureusement produit pour quelques autres concurrents.

J'essaye au mieux de réguler Dédé qui va un poil trop vite à mon gout.

3 ravitaillements sont tout de même assurés par l'organisation; sur l'un une soupe à l'oignon est proposé, elle est fort appréciée sur l'instant, mais on en reparlera plus tard.

A partir de la tombée de la nuit çà devient moins sympa, un brouillard épais s'installe, avec l'humidité et le froid on y laisse un peu plus d'énergie que prévu, bien que couvert.

Un petit groupe d'une dizaine de concurrents se constitue à un peu moins de 10 kms du but, c'est bien car la lassitude commençait à s'installer en ce qui me concerne.

Nous arrivons enfin à ST ETIENNE vers 21h15 ( soit 12 heures 15 de course). Nous avons bien géré.

La pause dans le hall de ST ETIENNE passe très vite. Cà nous évite de vraiment cogiter.

Un coin isolé est réservé aux 226 participants qui comptent reprendre le départ.

J'ai eu l'impression qu'il ne faisait pas bien chaud dans ce bâtiment, je n'ai pas réussi à me réchauffer malgré un changement de tenue intégrale, grâce au sac de délestage apporté à ST ETIENNE par l'organisation. Je me force à manger et à boire, malgré le manque d'envie, j'ai l'impression que la soupe à l'oignon de l'allée ne passe pas bien.

Je bouscule un peu Dédé pour qu'il se dépêche. On arrive à peine 5 mn avant l'heure prévu sur la ligne de départ.

Les chasubles jaunes ont l'honneur d'accéder sur les lieux par devant la grande arche, nous sommes placés dans la 1° vague de 23h30, 1° sas, au milieu des élites parmi lesquels nous nous faufilons, un peu gênés. De ce fait, il va falloir faire attention de ne pas se faire piétiner par la masse des furieux placés derrière nous.

Dédé et moi reprenons le départ vers 23h45, devant 8000 coureurs, étalés dans 3 vagues. Les quelques minutes de piétinements précédant " le lâché de fauves " nous ont tétanisé les muscles. Les premiers kms sont en peu difficiles, il faut réchauffer la machine. Il se met à pleuvoir dès la sortie de ST ETIENNE. Les chasubles jaunes se mettent instinctivement du côté droit. Durant les 10 ou 20 premiers kms, un flot continu de coureurs nous double, au moins 4000 à 5000 peut être plus, c'est incroyable. Certains paraissent déjà à bloc, je me dis qu'ils n'iront pas au bout. Ça finit par être pénible.

Nous estimons raisonnablement mettre entre 13 et 14 heures pour ce retour. Nous pensons que Fabrice nous aura rejoint avant la mi-course.

La principale difficulté est très rapidement cette satanée boue présente sur les chemins et les sentiers, conséquences de la pluie continue et du piétinement des x coureurs. Cà glisse sérieusement, le brouillard n'arrange rien à l'affaire, on voit à peine ou on pose les pieds. Nous mettons finalement plus de 6 heures pour faire les 30 premiers kms jusqu'à ST CATHERINE. A ce rythme ça va être chaud pour rentrer dans les délais. 2 anecdotes à ce ravitaillement : 1- Derrière les tentes ravitos se trouvent les bus navettes destinés à ceux qui arrêtent, je ne vous cache pas que l'envie de mettre le clignotant m'a franchement effleuré l'esprit. 2- J'ai oublié de rincer mon gobelet utilisé lors de ma dernière soupe à l'oignon. Je vous assure que le coca à l'oignon n'est pas génial, et ce qui devait arriver arriva, mon rituel sur tous les ultras, une belle gerbe, mais dans 10 cms de boue çà passe inaperçu. Je me suis goinfré de gâteaux dans la foulé, de sorte de ne pas risquer l'hypoglycémie, bien m'en a pris, car l'humidité et le froid sont bien présents, et on y laisse beaucoup de calories.

Nous repartons tant bien que mal. Nous avons une seule hâte, que le jour se lève, que cette ambiance étrange cesse enfin !

Les kilomètres sont interminables, le mental prend le relais sur tout le reste. Heureusement que quelques têtes connues sont croisées au fil du parcours, ils nous accompagnent un peu, ça change les idées.

Et puis à 30 kms du but c'est la révolte. " On ne va tout de même pas finir hors délais ! " Le parcours devient plus roulant. Dédé et moi nous sentons mieux, c'est reparti, nous faisons des pointes à plus de 10 kms/heure. J'estime que nous avons repris entre 500 et 1000 concurrents sur cette fin de course.

A une dizaine de kms de l'arrivée, Luc, un pote de Dédé est là, il a prévu de nous accompagner durant quelques kms, ce qu'il fait, c'est très reboostant, merci à lui.

Les tous derniers kms dans LYON se font à une bonne allure, nous sommes quasi les seuls à parvenir encore à courir, c'est génial.

L'arche dont on a rêvé la veille est enfin en vue, c'est la délivrance, enfin.

Nous franchissons cette ligne vers 14h45. Presque 15 heures pour le retours, plus dur que prévu.

Au total un peu plus de 27 heures pour 157 kms et 4800 m D+ . Un sacré défi réussit dans ces conditions. 208 coureurs sont classés sur cette double SAINTELYON. Nous sommes 155 °

Une immense fierté. Encore une.

Merci mon Dédé, t'es vraiment très fort !

Merci aussi à Fabrice et Luc.

A bientôt en 2023 pour de nouvelles aventures.