UTMJ. Les 3, 4 et 5 octobre 2025.

Mon principal objectif de l'année, l'Ultra Trail des Monts du Jura, 175 K / 7400 D+, s'est déroulé durant le premier weekend d'octobre.

Je me lançais dans cet ultra trail sans certitudes du fait de mes derniers échecs : Abandon lors du GRP 2024 / Arrêts des courses suite aux conditions météos à Samoëns ces 2 dernières années.

Mais rester dans cette spirale négative était hors de question.

C'est finalement avec une bonne dose de détermination que j'ai abordé et préparé cet évènement.

Nous voilà enfin arrivé au vendredi 3 octobre. Comme d'habitude il nous tarde que çà parte. L'heure de départ est fixée à 12h00. Mes potes de covoiturage de Run'In et moi avons opté finalement pour un déplacement le matin même, de sorte de profiter d'une dernière nuit dans son propre lit, option surement bénéfique selon nous.

Nous arrivons sur le lieu de départ de Lancrans à 11h00. C'est au pas de charge que se déroulent prise de dossard, pose des sacs bases de vie, et derniers préparatifs, pas le temps de se morfondre et gamberger.

Un accompagnant est présent, il doit se charger de nous suivre le long du parcours (enfin les premiers seulement, je risque de ne pas le voir beaucoup), il ramènera la voiture à Métabief, le lieu d'arrivée. Nous avons 50 heures pour effectuer l'épreuve, il nous faut franchir la ligne avant 14h00 le dimanche 5 octobre. Seules 2 barrières horaires sont mises en place aux 2 bases de vie, une aux Rousses au 73° km à 14 heures 45 de course, une autre à Jougne au 150° km au bout de 37 heures. Il ne faudra donc pas lézarder la première journée. Puis, 2 nuits blanches en perspective...

Les dernières prévisions météos sont plus favorables que celles consultées tout au long de la semaine, il ne devrait normalement pas pleuvoir avant le samedi milieu d'après-midi. Par contre, la pluie annoncée sera accompagnée d'un vent important, et les T° vont bien chuter. La fin de course vers le Mont d'Or, la boucle en Suisse et le sommet du Suchet risquent d'être galère, autant s'y préparer. Surtout ne pas oublier le moindre vêtement anti pluie et coupe-vent, on pourrait le regretter.

Ça m'a fait un peu bizarre de ne pas me retrouver avec Rémi sur cette ligne de départ. Un bon binôme de course habituellement.

J'ai aussi eu le plaisir de retrouver Robin des SGH, je ne savais pas qu'il participait, il a très vite pris les devants.

J'ai également pensé à mes compères d'entrainement des SGH présents sur d'autres courses du weekend : Olivier sur la Renarde 75 K / Aurore, Sarah, Mélanie, Sébastien, Damien, Richard, Clément sur le 40 K et Stéphane sur le 20 K du dimanche. Ça serait cool qu'on se croise sur la fin du parcours. Mais là je me projetais déjà bien trop, j'ai donc fait " Reset ", et je suis rentré une bonne fois pour toute dans ma bulle.

La musique d'avant course, le départ est donné à un peloton d'environ 500 coureurs.

Nous avons vite été dans le bain, 1000 m de dénivelé sur les 10 premiers kms pour atteindre un des 2 plus haut points du parcours au-dessus de 1600 m. Un bon cardio, des bonnes jambes, du beau temps sans chaleur, des points de vue superbes sur toute la chaine des Alpes, j'ai alors senti qu'un bon weekend pouvait s'engager.

Malgré ça, une certaine tension ne m'a pas lâché de toute la course, ce stress omniprésent ne m'a pas permis d'en profiter autant que j'aurais dû. Je savais que le reste du parcours pouvait et allait être interminable, çà a été fatigant mentalement.

J'avais décidé de ne rien manger et peu boire durant les 3 premières heures de course. Puis attendre d'en avoir envie. J'avais bien en tête cette malheureuse habitude d'être malade entre les 40° à 80° kms, attendant avec crainte ses premiers signes. Cà s'est fait ressentir lors des ravitos des 52° et 62° et à la base de vie des Rousses ou je n'ai pas autant mangé que j'aurais dû, mais finalement sans trop de désagréments.

Le ravito de Morbiez au 93° km (passer la mi-course) n'a pas été la bascule psychologique habituelle. Cette portion déjà assez boueuse sans pluie de nuit laissait entrevoir le pire pour la fin du parcours.

C'est alors que les premiers athlètes des 105 K commençaient à arriver, vigilance requise dans certaines portions à singles, car ils doublaient vite.

Dans la descente technique avant le ravito de la Chapelle des Bois au 109° km j'ai constaté que les kms accumulés étaient bien là, des soucis de coordination ont failli me faire chuter.

Juste avant le ravito, j'ai vu Clément. Merci, c'était sympa.

Quasi au pied du tremplin, le ravito de Chaux Neuve au 119° km était plutôt mal organisé, tout en longueur, les coureurs du 75 K arrivaient en paquet et bousculaient tout sur leur passage, un m'a foutu au sol, un autre a explosé mon bol de potage sans s'apercevoir de rien. Je pense que j'en suis repartit un peu à côté de mes pompes.

Assez rapidement la pluie accompagnée d'un fort vent est arrivée, en peu de temps j'ai eu le bas du dos trempé et gelé malgré ma veste goretex. Bien m'en a pris d'immédiatement enfiler le surpantalon et les sur-gants imperméables. Je me souviens bien qu'il tombait des cordes quand je suis arrivé et repartit du ravito de Mouthe au 127° km.

Mon seul but désormais était de rejoindre Jougne, la base de vie au 150° km, le plus vite possible. Rester sous ce déluge sans réagir serait rédhibitoire. J'ai alors accéléré, çà m'a d'ailleurs réchauffé car j'étais gelé. J'ai d'ailleurs commencé à redoubler des coureurs du 105 et du 75 K, çà m'a bien reboosté. C'est à partir de ce moment que j'ai su que j'allais au bout.

Le passage au Mont d'Or le long des arrêtes a été infernale, 3°C et 80 km/h de vent, j'ai bien cru que j'allai y rester. J'ai redoublé un nombre incalculable de coureurs mal équipés (mais quelle bande de c... inconscients !), la plupart ont été contraints à l'abandon à Grange Raguin au 140° km totalement tétanisés de froid. J'ai lourdement insisté auprès des bénévoles et organisateurs dans ce ravito, j'ai trouvé qu'ils ne mesuraient pas véritablement l'urgence de la situation, pensant que tous les athlètes présents étaient suffisamment expérimentés et lucides, ben non !!

La longue descente vers Jougne débute par des sentiers (bourbiers) impraticables, rester debout tant bien que mal a été un exploit. Rejoindre cette base de vie a été interminable. Mais savoir que j'y arriverais avec 4 à 5 heures d'avance sur la barrière horaire m'a motivé. C'est alors que j'ai commencé à entendre parler d'un shunt de la boucle du Suchet.

Arrivé à Jougne, j'ai eu la confirmation que le shunt de la boucle du Suchet était possible = classement comme finisher avec 6 heures de pénalités. Cette dernière boucle, j'aurais eu la capacité physique de la faire, j'en suis certain, mais la pression est tombé d'un coup et la raison a pris le dessus. J'admire ceux qui ont fait le choix de la faire tout de même, ils sont costauds mentalement.

Restait alors à peine 5 kms pour rejoindre l'arrivée de Métabief. J'ai donc décidé de ne pas m'appesantir et de repartir immédiatement sans me changer.

L'arrivée à Métabief est arrivée par conséquent plus vite que prévue ce samedi en début de nuit. 33 heures 10 d'efforts, avec la pénalité çà fera 39 heures 10.

Passé la ligne, les ressentis et émotions ont été bizarres, fier du devoir accomplit évidemment, mais la décompression brutale m'a lessivé durant un moment. Une douche malheureusement froide, un repas d'arrivée ou ca a été une vraie cohue, une base de repos trop bondée pour passer un bonne nuit, devant attendre le lendemain pour me faire ramener, ce dénouement a été un peu pénible. Bordel, on ne m'y reprendra plus, c'est certain !

C'est véritablement le dimanche matin que j'ai pris conscience de ma performance.

Finalement classé 205° (5°M5H). 237 arrivants pour 237 abandons.

J'ai échangé avec 2 ou 3 finisheurs M5 et M6 (mes compères désormais), l'un venait de terminer la SWISSPEAKS 700 K, un autre coure toujours en auto suffisance sans s'encombrait de X sacs aux bases de vie. Voilà, çà fait relativiser.

Concernant les autres coureurs des SGH :

* Sur le grand format 175 K / 7400 D+ : Robin JAYE se classe 140° en 36H46'

* Sur la Renarde 75 K / 2600 D+ : Olivier SCHEURER est arrêté par l'organisation au 3/4 de sa course à cause des conditions météos. C'est une grande déception pour lui.

* Sur la CMM 40 K / 1100 D+ : 1778 coureurs sont classés :

- Damien PAGNOT Abandon sur blessure.

- Clément MUTH 161° en 4h45'

- Sébastien POINTURIER 448° en 5h23'

- Mélanie POINTURIER 633° en 5h39'

- Richard GUILLIEZ 1174° en 6h27'

Sans oublier Aurore et Sarah qui ont eu les honneurs bien mérités d'un autre topo.

* Sur la Lynx 20 K / 800 D+ : 1862 coureurs classés :

- Stéphane CAMETTI 473° en 2h24' (12°M3H)

* Sur la Chamois 10 K / 400 D+ : 990 coureurs classés :

- Dominique QUETIN 115° en 1h00' (5°M3H)

A noter que le fiston Nathan est sur le podium 3°.