Swisspeaks 360 Valais (Suisse) - du 29 aout au samedi 4 septembre 2021
On entend parfois parler d’exploits sportifs, de courses légendaires, de défis humains et physiques qui dépassent l’entendement, mais peu de gens ont la chance de côtoyer ceux qui les réalisent. Frédéric GRAND est pourtant l’un de ceux là et son récit va tenter de vous faire imaginer ce qu’il a pu endurer, accrochez-vous !
« Voici le topo de ma course, je sais qu'il est très attendu.
Il a été un peu long à venir, mais il faut bien reconnaitre que je me traine depuis des jours, vidé, je paye cette semaine incroyable.
Je ne crois pas avoir encore bien réalisé la valeur de mon exploit.
Les épreuves de la Swisspeaks se sont déroulées en Suisse, dans le massif du Valais , du dimanche 29 aout au samedi 4 septembre 2021 .
Du 42 km, 100 km, 170 kms, jusqu'au 360 km, plusieurs courses étaient au programme.
Fasciné par ces épreuves d'ultra endurance en montagne ces dernières années, période ponctuée de quelques déceptions mais avant tout de réussites inoubliables comme l'UT4M 2017 ou l'UTMB 2018 sur un format 170km / 2 jours, ça allait finir par aboutir à cette décision fin 2020, me lancer le défi ultime, m'engager sur un format extrême 360 km / 6 jours.
Accompagné de Fabrice VOILLAUME qui possédait déjà une expérience sur une course similaire "Le Tor des géants", je me suis lancé dans la préparation de cette course hors norme:
ces 366 kms et 27000 mètres de dénivelé positifs et négatif, un sacré challenge à relever !
L'entrainement a été conséquent, ma première victoire est d'être parvenu le jour du départ sans bobos. Le chemin a été long : une séance de gainage quasi journalière, deux séances spécifiques en semaine, deux sorties longues le weekend, plusieurs blocs d'entrainement en montagne de 100 à 200 kms, 4 mois à plus de 4000 mètres de dénivelé par semaine, deux semaines de rando à 2000 mètres d'altitude la première quinzaine d'aout.
Merci à mes potes les baroudeurs Fabrice VOILLAUME et André VILLAUMIE, ainsi qu'à mes plus acharnés potes des SGH Fred MATOSEVIC et Rémi BOLMONT, eux aussi s'étaient lancés de gros challenges, chacun s'est soutenu durant ces mois de préparation. Merci aussi à tous les autres, sportifs ou non , qui m'ont régulièrement encouragé durant cette période.
Après une nuit passée dans le camping-car de Régis notre assistant en course, le départ est donnée le dimanche 29 aout à 12h00 d'OBERWALD.
Objectif 156 heures maximum pour rejoindre LE BOUVERET situé au bord du lac Léman. 6 bases de vie ou 31 ravitaillements plus tard, je dois arriver avant 23heures 59 le samedi 4 septembre.
Beaucoup de présents sont aguerris à ce type d'épreuve, c'est une vraie famille. Perso je suis novice, je découvre ce milieu particulier. Je parviens quand même à rester calme. Mais les stats disent qu'un concurrent sur deux n'arrivera pas au bout...
Nous retrouvons un ami haut-saônois Gaétan HUSSON, le gladiateur romain , il possède une réelle notoriété désormais.
Des cadors sont évidemment présents : Lucas Papi est là pour préparer le Tor des glaciers 470 kms 1 semaine après (!!!???) , Peter Kunzl le futur vainqueur.
La chance semble vouloir nous accompagner cette semaine, pas de pluie et de chaleur annoncées.
Je rentre dans ma bulle, je m'adapte vite et comprends que mon sac à dos et les poches de ma veste vont être ma "maison" durant plusieurs jours, autant bien s'installer.
L'inconnue est le sommeil, je ne vais pas dormir suffisamment, comment vais gérer çà ? J'ai bien lu des articles sur les micro siestes, mais bon ! ?
Fabrice et moi espérons rester ensemble autant que possible, nous nous projetons seulement de ravitos en ravitos tous les 10 à 20 kms, pas plus. Au minimum se retrouver dans les bases de vie si possible, selon nos temps de sommeil. Retrouver Régis qui nous suit en camping-car.
Les heures défilent. Il faut que je passe le premier jour sans trop de soucis d'ordre digestif, je me connais. J'ai effectivement des nausées la première nuit, aucun aliment me convient, sauf les pommes de terre cuites à l'eau.
Fabrice prend donc les devants. Chacun va finalement vivre sa course de son côté.
Les jours et les difficultés défilent. 6 bases de vie, 51e , 104e , 156e , 196e , 268e , 310e . J'ai vraiment l'impression que les difficultés techniques sont allées crescendos tout au long du parcours. Des passages en hautes altitudes dans des pierriers et chaos rocheux ont été particulièrement costauds. Régis m'attend à chaque base de vie. Je pense avoir dormi guère plus de 2 heures par jour.
Les plus beaux moments ont été les levés du jour et quelques ravitos ou l'accueil de bénévoles est incroyable.
3 moments d'extase : L'approche de la base de vie au barrage de la Grande Dixence au 196e km, par la beauté du lieu, j'ai pris conscience alors qu'aller au bout était possible. Le parcours commun avec l'UTMB à Champey le lac, souvenir souvenir. Vers l'arrivée puis au départ la base de vie Des Crozets au 310 °, devant la carte du parcours, les yeux humides, à ce moment là j'ai eu la certitude que plus rien ne m'arrêtera.
Les après-midi sont usants, ils sont les moments propices pour cogiter, mais jamais l'idée ou l'envie d'abandonner m'est venue.
Les pires moments mentalement sont les débuts de nuit. J'ai eu horreur de ses moments-là.
Les pires moments physiquement sont les nuits, le manque de sommeil fait ses effets.
Quelques symptômes du manque de sommeil ressentis: Ces sortes d'hallucinations qui font que nous voyons tout autre chose qu'un tronc d'arbre ou un rocher, on s'y fait vite; l'impression que quelqu'un nous parle alors que personne n'est là; la certitude d'être déjà passé à cet endroit, c'est troublant; plus gênant, la perte de coordination des mouvements et des vertiges, des chutes lors de mouvements trop brusques; 2 ou 3 endormissements en marchant et hop réveil brutal dans le décor; 1 ou 2 moments d'égarements complets, dont 1 complètement affolé dans un sous-bois suite à un arrêt-dodo; 3 ou 4 erreurs de parcours, dont 1 ou je suis parti dans un champs de vaches confondant leurs yeux avec les fanions réfléchissants; 1 perte de lucidité complète le dernier jour, prêt à abandonner par principe pour me révolter de l'extrême difficulté de la course (!!??), engueulant presque d'autres concurrents.
Les ripostes mises en place au fil des nuits : Ne surtout jamais lever la tête dans les montées, de sorte de ne pas confondre les fanions avec les frontales ou pire les étoiles du ciel tellement les pentes sont importantes" Mince, ils ne savent pas tailler un sentier en montagne ces Suisses, ils vont toujours tout droit ! " . Porter le surpantalon imperméable et ne pas hésiter à se coucher et faire 4 à 5 micro-siestes par nuit à même le sol, quasi tous les concurrents le font, c'est donc çà les micro-siestes ! Mieux, dès que la fatigue s'installe, accélérer dans les montées pour faire monter le palpitant, idem dans les descentes pour s'imposer une vigilance et éviter l'endormissement. Encore mieux, suivre ce quatuor d'italiens qui ne font que parler, ils écoutent même de la musique, ils se tiennent mutuellement éveillés, c'est pas bête ! Mais depuis 10 jours, chaque nuit, je les entend parler !
J'apprends que Fabrice a jeté l'éponge vers le 300° km. C'est perturbant, mais il faut vite me remettre dans la course.
La dernière étape de 56 bornes sensée être moins dure techniquement finie donc par arriver. Au final cette étape va être très dure.
Dédé, qui s'est élancé sur le 100 kms, me rejoins au ravito à 26 kms de l'arrivée, çà m'a fait du bien qu'il me sorte de ma torpeur et m'accompagne un peu avant de reprendre son rythme.
Fabrice m'attends au dernier ravito à 10 kms de l'arrivée; il me secoue un bon coup, c'était nécessaire.
Ces derniers 800 mètres de dénivelés négatifs des 10 derniers kms sont interminables, j'ai terriblement mal aux pieds. J'ai peut-être encore engueulé 1 ou 2 concurrents du 42 km qui me doublent et qui semblent exprimer une certaine pitié à mon égard, " Ah non, pas ça ! ".
Je veux passer dignement l'arche d'arrivée, même si je suis mort.
Le port du Bouveret au bord du lac Léman se profile enfin. Mince qu'ils sont longs ces pontons au milieu des bateaux de plaisance avant enfin d'apercevoir l'arche.
Je passe l'arrivée le samedi 4 septembre peu avant 18h00, 149 heures d'efforts, je lève machinalement les bras. Fabrice, Régis et Dédé sont là et me font comprendre la portée de mon exploit, car je crois ne pas avoir réalisé de suite. Mais quel aboutissement et quelle fierté.
La remise des récompenses a lieu le dimanche matin. Je veux parler à tous ceux avec qui j'ai vécu un moment de course. Plus de 50 % ne sont pas là... Cet appel des coureurs sur le podium du dernier arrivant au premier des cadors (3 passent sous la barre des 100 heures) lors de la remise du maillot finisheur Swisspeaks 360, cet hymne festif valorisant le Valais et humoristiquement les coureurs de l'extrême, tous ces instants resteront gravés à jamais dans ma mémoire.
A 2022 pour de nouvelles aventures. »
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