Ultra Trail du Haut Giffre. Samoëns. Vendredi 14 et samedi 15 juin 2024.
Rémi BOLMONT et moi ( Fred GRAND ) étions engagé sur le fameux ultra trail UTHG ( 96 K / 6800 D ) de Samoëns ce dernier weekend.
Cet ultra trail montagneux et technique était le premier gros objectif de la saison.
Les évènements qui s'y sont déroulés ont largement étaient médiatisés.
Voilà comment nous les avons vécu sur le moment de l'intérieur.
Nous ne parlerons ni de performance ni de classement.
Le départ étant donné à 23h45, nous vivons d'abord une journée d'attente interminable, entrecoupée de siestes, à refaire x fois notre sac de course, occupés à consulter des prévisions météos annoncées difficiles, espérant encore une accalmie pour cette première nuit.
Tout de même contents que Jérôme MULLER et Jean Marie TALBI nous aient accompagnés, çà permet d'oublier par moment cette ambiance pesante.
Au moment du départ, il ne pleut pas encore, il fait d'ailleurs assez doux, nous ne savons pas bien comment nous habiller.
Lors du briefing de départ, la tension monte d'un cran ( si c'est encore possible ) pour nous et les 600 trailers engagés :
Le speaker rappelle que le parcours déjà bien escarpé va être rendu très difficile par des conditions extrêmes de pluie et de vent durant les prochaines heures, nous sommes prévenus par l'organisation. " Si vous ne le sentez pas, ne montez pas ! " . A mi course, un état des lieux sera effectué, seul les coureurs aptes continueront.
Bien que préparés et correctement équipés, honnêtement, nous ne savions pas encore que cette " épreuve " allait nous faire tutoyer nos limites.
Dès les premiers sentiers peu difficiles, nous constatons que c'est boueux et glissant. Les coureurs du 130 K passés 5 heures avant ont fait leur œuvre.
Je freine un peu Rémi qui montre les signes d'une super condition. Je sens aussi que je suis dans un bon jour.
Les premières pluies arrivent avant le lac de Joue Plane, lieu du premier ravito 13° K 1300 D. Nous nous trouvons au milieu du gros du peloton, en pleine gestion, tout va bien.
L'objectif est désormais de rejoindre le prochain ravito du lac de la Mine d'Or au 25° K 2000 D.
Il nous faut passer par le col d'Angolon, apparemment pas le plus compliqué sur la carte.... 3 autres cols plus loin et plus hauts sont encore enneigés, dont un sur 7 kms....
Nous attaquons ce fameux col, la pluie redouble d'intensité, et malgré les frontales la visibilité devient très faible. On n'a pas très envi de lever la tête et voir trop loin.
Ce passage raide sur environ 600 m de dénivelé emprunte une arrête, çà n'est certainement qu'un sentier muletier, nous pataugeons dans 10 cms de boue, il faut être super vigilant.
Une atmosphère étrange s'installe, çà devient quand même scabreux. Mais jusqu'ou grimpons nous ?
Avançant pas à pas, nous surveillant l'un l'autre, le pied montagnard est nécessaire. Je me dis que des coureurs en proie au vertige pourraient vite être en panique.
Plus nous approchons du col, plus le vent fort se fait sentir, se faire comprendre en parlant n'est plus possible.
Quelques participants sont déjà en difficultés, par le côté escarpé, ou tétanisés par le froid qui commence à nous transpercer, voir peut être par le vertige.
Je suis tellement en prise, que je n'ai pas pensé à mettre les gants et le surpantalon imperméable dans cette montée, çà aurait été utile pour la suite.
Nous atteignons enfin la pointe ou le col, une petite crête. Et brutalement çà devient surréaliste.
Ca crie de partout, je ne comprend rien. Je vois une descente verticale de l'autre côté et une concentration de frontales dans la pente.
Il me semble avoir entendu " la corde " " pas à gauche " " crampons " . Pourquoi les crampons ? Normalement c'est pour la neige et la glace !?
Rémi et moi comprenons vite qu'il faut agir.
Rester à attendre au col, impossible, c'est l'enfer, trop froid.
Redescendre d'où on est venu ne nous ait jamais venu à l'esprit, cela aurait été certainement assez dangereux.
Reste donc l'inconnue devant nous. Pas le temps de s'habiller et mettre les crampons qui se trouvent au fond du sac, je dis à Rémi " Il faut y aller, vite " !
Très vigilant dès les premiers pas, ce qu'on distingue autour de nous est infernal, une cinquantaine de concurrents s'accrochent à une corde et ne descendent pas, çà glisse , çà hurle, certains veulent remonter apparemment.
Rémi et moi restons sous contrôle. Honnêtement, nous ne sommes pas en danger, même si c'est extrêmement pentu et glissant. Les bâtons sont très utiles.
C'était " Un tobogan " diront plus tard des coureurs.
Les entrainements dans les descentes pourries de cet hivers portent leurs fruits. Merci Fred Mato et les potes de Run'in, ils se reconnaitront.
Cette descente de 400 m de dénivelé nous prend 50 minutes, nous empruntons la zone herbeuse contournant quelques rochers, à droite de la zone impraticable de la corde.
Nous croisons des concurrents tétanisés de froid ou de peur qui demandent de l'aide. " Mais qu'est ce qu'ils foutent ? Merde ! " On ne peut pas les aider, trop en prise.
J'ai vu des bâtons abandonnés et cassés dans la pente, c'est surréaliste.
Nous descendons plusieurs zones tout bonnement assis sur les fesses.
Le plus impressionnant pour nous est la vue de ces coureurs qui glissent sur plusieurs dizaines de mètres. Un m'a carrément fauché. Un a été retenu in extrémis par Rémi.
Le plus traumatisant pour moi est la vue de ce coureur qui glisse sur 300 mètres en prenant de la vitesse, rebondit plusieurs fois, et disparait derrière une barre rocheuse.
Dès ce moment là, nous nous doutions que des accidents sérieux se passaient, que des drames se jouaient peut être.
Rémi s'est arrêté un peu avant la fin de la pente pour s'habiller plus chaudement malgré le fait d'être à découvert. Bien lui en a pris.
J'ai voulu atteindre le bas et me protéger sous un bosquet de sapins. J'ai eu du mal à m'habiller, les doigts ne répondaient plus, du fait de la crispation sur les bâtons.
Lorsqu'il ma rejoint, c'est finalement Rémi qui m'a aidé à enfiler les gants et les sur-gants imperméables. Cà aurait été critique sans cette aide.
Il pleut toujours fort, mais dès lors, nous savons qu'il faut très vite poursuivre dans cette descente moins difficile et se réchauffer dans l'effort, vite rejoindre le ravito.
Le terrain est carrément défoncé, les sentiers ne sont plus que ruisseaux et torrents, nous sommes dans l'eau ou la boue jusqu'à mi mollets, mais on avance, il le faut.
Enfin, le jour commence à ce lever, c'est déjà çà.
En descendant encore, j'ai l'impression qu'il pleut un peu moins, et je n'ai plus froid, que du positif.
A ce moment de la course, nous sommes toujours convaincus de terminer cette épreuve si nous passons la barrière horaire de 12h15 de la base de vie du Crêt au 45° Km.
Arrivé au ravito, c'est la stupéfaction : Les organisateurs nous stoppent et nous annoncent que la course est définitivement arrêtée. Sur le coup, nous ne pouvons pas y croire.
25 bornes / 2000 mètres de dénivelé seulement.
Plus de 200 coureurs sont rassemblés sous les chapiteaux, personne ne parle. Certains sont marqués physiquement, beaucoup mentalement, ces derniers ont déjà surement compris.
Perso, c'est toujours la déception qui m'étreint. Rémi est encore plus frustré que moi. Mince, nous étions prêt.
Puis progressivement, je prends conscience de la réalité et revisualise ce que j'ai vécu dans cette descente.
A l'écoute de bénévoles qui semblent parler de chutes et d'accidents sans plus de détails, nous convenons alors que les organisateurs ont bien fait de stopper le massacre.
Toutes les courses en cours sont stoppées. Les suivantes seront finalement annulées.
Nous nous trouvons non loin de Morzine. Des bus nous rapatrient au départ, pour environ une heure de trajet. Malgré le chauffage, je suis gelé.
Rémi et moi débarquons enfin à Samoëns, nous nous tapons encore 2 kms de footing pour rentrer au gite.
Il est tombé la valeur de 40 jours de pluie durant 6 heures dans le secteur, nous l'apprendrons après.
Nous souhaiterions exprimer :
- Notre tristesse envers les proches du trailer qui a perdu la vie.
- Notre soutien à l'équipe d'organisation et les bénévoles.
- Notre étonnement envers le participant que nous avons aperçu en sandales. La base du problème venant probablement de ce genre d'inconscients de plus en plus nombreux en montagne.
Nous souhaitons dorénavant passer à autre chose en basculant sur un nouveau cycle et préparer notre prochain objectif le GRP fin aout.
A bientôt pour de nouvelles aventures trail.
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