Ultra tour du GUILLESTROIS-QUEYRAS. Les 4, 5 et 6 juillet 2025.

Christophe LAPIERRE s'engageait dans un sacré périple en ce 1° weekend de juillet. Il nous envoie ce topo et de magnifiques photos. Retour d'expérience riche en émotions et enseignements. Bonne lecture.

" Arrivée à GUILLESTRE, vers 16h après 7h de route. Je suis au camping « SAINT JAMES » à 2.5km du départ…. Au fond coule un torrent.

Je pense mettre 50h environ et donc prévois large pour la bouffe !!!! car même s’il y a 2 BASES VIE, au total il n’y a que 9 ravitos + l’arrivée, et je pars sans assistance.

Je file chercher mon dossard vers 18h et participe au BRIEFING d’avant courses à 18h30. Bonne nouvelle y plus de névé, mais de fortes chaleurs annoncées vendredi, en baisse samedi. C’est un ULTRA intimiste seulement 300 dossards.

Je rentre à camping, mange et part me coucher de bonne heure, car la route m'a fatigué, sans parler d'une grosse semaine de canicule ou j’ai très peu dormi : " J’ai besoin de sommeil !  "  .        Et le départ est a 5h donc levée vers 3h30.

PERDU ! impossible pour moi de dormir avec ce bruit de torrent !!! Je ne pars malheureusement pas sur de bonnes bases !!!

Mon Phone sonne, il est 3h30 du mat, bon ben j’ai grave la gueule dans le c….. Petite douche, je déjeune, je me prépare (strap du pied à la Rémi=> impec). Je dors à moitié sur la ligne de départ, même pas fait petite une photo.

5h le top est donné, je pars tranquille dans les derniers. Je transporte environ 2l d’eau même s’ils ont annoncé de nombreuses sources sur le chemin, ce qui sera exact, j’ai tjrs peur d’être à court d’eau, ma hantise !

Au bout de 7km, ont longe un canyon, je fais gaffe de ne pas trébucher.

KM16, déjà 1550D+, nous passons le Col GARNIER, le premier. Je me dis un de fais ! On repart pour le premier ravito.

Km 19,6 1920D+, refuge de FURFANDE, le premier ravito, c’est que de l’eau. Le prochain ravito solide est dans 8km et que comme annoncé par l’organisation il y a plein de sources, je tape dedans car il fait déjà chaud vers 9h30 et tous les cols seront a découverts.

La monté au col de FURFANDE en offre plein la vue !

Arrivé au Col de FURFANDE Km 27.1/1960D+

Km 27.1/1960D+, J’arrive au ravito d’ARVIEUX premier avec du solide vers 10h45 avec 45 min d'avance sur la BH. Y a de tous sans excès. Je suis bien, je suis maintenant bien réveillé par la bonne dose de D+ déjà enfilé. Je repars vers le prochain point d’eau BRUNISSARD km33.

Après BRUNISSARD, nous attaquons le col du TRONCHET, 570D+ puis la descente vers SOULIERS 530D- qui sera le deuxième ravito solide. Il commence a faire très chaud et chaque rivière est la bienvenue pour boire et y tremper la casquette.

Km40/2800d+ SOULIERS arrivée vers 13h42, la BH est à 15h00, j’ai 1h15 d’avance, les premières BH sont les plus dur à atteindre.

Souliers=> Col de PEAS 822D+ les choses sérieuses commencent !

Arrivée au col de PEAS vers 15h46, presque 11h de courses et déjà 47km et 3600D+ de fait ! Le soleil tape fort, mais mon ressenti est bon, je pense boire suffisamment. On continu de profiter de chaque ruisseau pour nous asperger d’eau et tremper la saharienne dedans, ça paie !

Après PEAS direction le ravito « les FONDS » (il n'y a pas de réseau….) 560D- SUR 4km…

Km51/3621D+, Ravitos LES FONDS, je mange bien, soupe etc…, je suis rassuré de ce côté-là car tout passe, j’ai bon appétit ! Le mental est toujours bon, juste le sentiment que les jambes sont un peu lourdes, même si j’essaie de ne pas trop courir dans les descentes, du moins y allez cool car le chemin est long.

Mais bon là elles vont pouvoir encore chauffer, car direction le PIC du petit MALRIF une des principales difficultés 775D+ sur 5.3km avec 500d+ sur les 2 derniers kils !!!, le tout à 2900m d’altitude !

J’y croiserais quelques Marmottes pas très farouches.

Même en mode cool j’y laisserai des plumes, je surveille mon cardio, car à cette altitude tu entends bien le cœur taper.

Km56/4400D+ enfin le PIC du MALRIF, je suis mort, la montée ma déglingué, mais que c’est beau, magnifique j’ai l’impression d’être dans HYGLANDER !!! j’y arrive vers 19h.

Après le MALRIF une longue descente nous attends avec 1240 de D- sur 9.7km pour aller à ABRIES, le début est un peu raide et la suite plus cool. J’y vais tranquille pour ménager les cuissos car c’est long et avec un sac à minima 5kg j’essaie d’être souple sur mes appuis.

ABRIES, 66km/4430D+ ravito4, pareil on mange bien, les bénévoles sont au top ! Mais je n’ai clairement plus les jambes de feu malgré les précautions que je prends, en privilégiant la marche rapide même sur le plat pour les préserver.

Il est 21h15 pour une BH à 23h, si ça tient j’aurais un peu de temps pour dormir à RISTOLAS la première base VIE, car nous mettons la frontale pour attaquer la deuxième nuit blanche, et je crains de ne pas tenir. J’aimerai pouvoir dormir 30min….

Mais avant cela, le col « colette de GILLY » mignon comme nom… juste un petit 890D+ sur 7km. Comme d’habitude ça commence cool pour finir moins cool ! En montée je ne suis pas trop mal finalement. Je double toujours 5/6 personnes, tjrs les mêmes depuis un bon moment, mais qui me redouble dans les descentes. Je n’avance pas.

La descente sur RISTOLAS 770D- sur 5km, cela devient un peu pénible, la nuit est tombée.

RISTOLAS BASE VIE 1, km79/5330D+, j’arrive vers 20h50, 1h10 d'avance sur la BH. Je suis fatigué, les jambes sont lourdes. Je n’arrive plus à être assez efficace dans mon ravitaillement et perds bcp de temps, je fais le principal. Je mange bien malgré tout. Je retrouve un jeune couple de Youtubeur qui sont eux aussi mal en point.

Clairement pour la première fois se pose la question de l’abandon pour nous. Ils m'indiquent avoir fait la reco proposée il y a 3 semaines par l’organisation : " pour la section suivante nous avons 3h30 à disposition et c’est le temps que nous avions mis ! " . Donc avec la fatigue çà parait impossible ! Et finalement n’ai même pas pu dormir. L’organisation donne quand même 30min de plus pour aller au REFUGE AGNEL avec une BH à 6h ald 5h30.

RISTOLAS devient un vrai cimetière, sur les 10 coureurs présents, nous sommes que 3 repartir, à seulement 10 min de la BH, çà devient chaud.

Direction col VIEUX encore un gros morceau : 1266D+ sur 12km. De nuit il m'est apparu terriblement long, il me fait penser au col de la SEIGNE sur l’UTMB, sauf que là tu n'en vois jamais la fin, je ne compte plus les faux espoirs….

Col VIEUX, 91km/6600D+, Enfin après 3h38 d’effort nous y sommes, c’est l’aurore, le soleil se lève. Encore une fois je suis ébloui par la beauté des paysages. Mais pas le temps de s’extasier, je voie que je n’ai plus que 24 min pour arriver au REFUGE AGNEL. Pour une fois je fais alors l’effort de relancer pour essayer de passer la BH, limite un sprint (a 9:00) du kil. J’ai les jambes dures mais dures… J’arrive au refuge à seulement 1 min de la BH. Je pense que c’est mort car pas le temps de ravitailler, une bonne soupe m’aurais pourtant fait du bien à la sortie de la nuit. Finalement le jeune qui tient le ravito me propose un café et me demande si je veux repartir, j’hésite… J’ai maintenant clairement envie de bâcher, mais quand même encore l'envie d’aller au moins sur le toit de la course le CARAMATRAN et voir ST VERAN plus haut village d’Europe. Il m'annonce qu’il me donne 5 min pour manger si j’ai envie de repartir. Alléluia… Qu’est ce qu'il est bon ce café ! Le meilleur ravito depuis le début, avec plus plein de petites choses fait maison ! Ca aurait été dommage de louper ça !

Je repars du refuge AGNEL à 6H06 direction le PIC DE CARAMANTRAN 3025m d’altitude. Petite montée de 430m/3.2km en passant par le col de CHAMOUSIERE le tout dans un magnifique pierrier. Les 600m du col vers le PIC, c’est du skyline, notamment les 20 dernier mètres ou je m’accroche à la paroi rocheuse et tiens mes bâtons de l’autre. Ame sensible s’abstenir…la chute est interdite ! Il n’y a pas de photos, désolé !

Du Pic de CARAMATRAN 3025m Km96.2/7200D+, il n'y a alors plus qu’à redescendre jusqu’à ST VERAN 12km, d’abord un peu raide jusqu’au refuge de la BLANCHE -510m sur 2.7 km, puis un long single de 7 km en faux plat avant de perdre 500d-su moins de 2 km, qui achèverons mes jambes.

Km109. Saint VERAN est plus haut village d’EUROPE à 2037m. J’y suis enfin vers un peu plus de 10h. Encore un super ravito avec des bénévoles au top, super gentils. Mais j’ai 2 bouts de bois à la place des jambes et je n’ai plus le plaisir de pourvoir trottiner, le temps me parait si long, l’envie a disparu. Je fais donc part de mon envie d’abandonner

Il me dise que j’ai largement le temps de dormir un peu. J’essaie de dormir mais je n’y arrive encore pas. Je ne suis finalement pas trop fatigué, même en bonne forme pour quelqu’un qui a déjà fait 110km, mais l’envie n’est plus là à cause de ces jambes, et je ne m’imagine pas pouvoir faire la suite dans cette état-là ! Je sais de plus que la fin est la section la plus dure sur le papier, comme indiqué au BRIEFING. Il reste environ 4 KV en D+ et 4500m de D- à faire en 60km, une paille énorme,  j’ai 25h à disposition donc je suis large, les BH s’élargissent beaucoup par la suite. Mais bon c’est le moment ou je décide de rendre mon dossard, j’ai n'ai plus de ressorts et plus envie repartir. Pour la première fois,  j’ai été raisonnable !? ou pas !?  Ça fait bien bizarre la 1er fois, mélange de soulagement et de déception.

Soulagement, d’enlever enfin cette pression d’être absolument finisheur ! (Pression que je me mets involontairement).

Déception, forcément car j’avais encore de l’énergie et le temps de finir. Les jambes seraient-elles revenues ? Difficile de l’imaginer même avec un massage.

Pour résumer,

Sans aucun doute le plus bel ULTRA que j’ai fait ! Des paysages à couper le souffle. Un trail qui n’est pas si technique que ça, pour la partie que j’ai vue. Toutes les descentes sont courables à quelque passage prêt. Mais c’est un trail exigeant par la longueur des montées/descentes et surtout de par l’altitude ou l’on évolue. Ça tape fort dans la poitrine… Attention ils paraient que la dernière section que je n’ai pas faite tabasse !

Qu’est-ce qu’il m’a manqué ? A la fois mille choses et pas grand-chose. Un ULTRA se réussi souvent par des détails.

Mais si je devais en sélectionner 3, je dirais :

- Pas assez travaillé les longues descentes (+5km) avec sac de 5/6kg.

- Manque d’acclimatation à des efforts à 2000m d'altitude et plus (ils conseillent 1 semaine avant)

- 2 courses de préparation pas assez adaptées. Si j’avais pu faire le grand raid 73 à la place du trail de Champagney et un 100 km ald du 80km de Paladru, çà aurait été mieux.

Pour finir, une assistance aurait été d’une grande aide sur ce type de parcours, clairement pour alléger le sac.

Cet ultra m'a presque semblé plus roulant que l’UTMB, pourtant le premier mettra 28h30 (27h10 en 2024). Donc méfiance.

Quelques chiffres :

_170KM/11000D+ (réalisé 109km/7200d+)

_12 Cols à plus de 2250m

_Plus haut Ultra d’Europe avec une altitude moyenne 2085m

_Plus longue montée avec 1910D+/15km

_Plus longue descente  avec 1650D-/10.8km

_2 bouquetins, 23 marmottes……

_J'ai acheté 3 tonnes de bouffe pour rien……

Anecdote : NE PENSEZ PAS POUVOIR DORMIR A ST VERAN L’EGLISE SONNE TOUT LES 1/4H A 2 M DU LIT DE CAMP……… "

Et pour finir, enfin se faire plaisir !

Merci Christophe pour ce récit prenant. L'impression d'y être !

A bientôt pour de riches et belles aventures trail.